Pakistan

Situe au carrefour entre la Chine, l`Iran, l`Afghanistan et l`Inde, le Pakistan fait peur. On se represente Islamabad sous l`emprise des talibans ou entre deux grenades on peut apercevoir l`ombre fantomatique des burkas. Patageant ses frontieres avec tant de pays controverses, flirtant dangereusement avec l`un des conflits les plus mediatise de notre epoque, le Pakistan deterre le voyageur plus qu`il ne l`attire. Imposant et paisible voisin, l`Inde lui vole la vedette et recouvre chaque jour un peu plus le Pakistan du voile sombre de l`incomprehension.

Voila autant de raisons a mon sens, de decouvrir ce pays, et il ne manquait plus qu`une opportunite se presente afin d`organiser ce voyage. L`invitation d`une amie Pakistanaise a venir passer trois semaines dans sa famille a Rawalpindi fut l`element decisif qui me permit de decouvrir le Pakistan dans les meilleures conditions d`immersion. Voici donc le recit de mon voyage au Pays des Purs. Si ce modeste temoignage n`est en rien exhaustif, j`espere toutefois qu`il apportera au lecteur un eclairage nouveau sur le Pakistan et donnera pour une fois un son de cloche positif sur ses aspects meconnus et fascinants. Certes, mon recit n`est fonde qu`a partir d`une experience vecue dans un millieu tres privilegie. Il est cependant important de noter qu`un certain etat d`esprit caracterise les pakistanais quelque soit leur milieu social et par consequent mes observations peuvent se targuer d`une certaine portee generale. La premiere manifestation de cet etat d`esprit est une attitude generale de la population face a l`adversite ; quelle soit securitaire, economique, ou autre.

« Inch Allah »

La premiere chose qui frappe le voyageur impregne des mises en garde du ministere des affaires etrangeres, des medias occidentaux ou des (rares) guides touristiques qui conseillent et informent sur le Pakistan est la sensation de serenite qui se degage des Pakistanais et du pays en general. Les check points omnipresents dans les villes, les recents evenements et les menaces d`attentats pourraient laisser supposer une societe tendue et apeuree a l`idee de sortir…Loin d`eux cette idee toute droite sortie du fantasme des medias pour l`exaggeration et la dramatisation ! Ici vaquer a ses occupations sans sembler se preocupper des potentiels dangers est presque un principe moral applique a la vie de tous les jours. Si l`on doit mourir cet apres midi et bien soit, tel sera notre sort et la volonte de dieu… Apres tout, on doit tous mourir un jour. Mais en attendant la vie continue et il n`est pas question d`arreter de vivre sous pretexte d`eventuels attentats !

Commercants, bourgeois, gardiens de betail…toutes categories sociales confondues attestent d`un etat d`esprit qui traduit « Inch Allah » dans une facon de vivre intense et centree sur le present. Loin de l`obsession/oppression de certaines cultures occidentales pour la securite, le confort et le risque calcule, ici c`est la mort qui apprend a vivre. Plusieurs situations m`ont permis d`observer une telle attitude et c`est avec ma famille d`accueil que j`ai pu faire mes premieres analyses.

Rawalpindi. Apres l`attaque des talibans en novembre 2009, cette ville jumelle d`Islamabad et quartier general de l`armee Pakistanaise a fait son entree dans l`esprit du grand public occidental sous de bien sinistres augures. Jadis reputee ville la plus securisee du pays precisement grace a la presence de l`armee, l`offensive des barbus enturbanes de decembre dernier a demontre que l`on peut desormais s`attendre a tout partout. Pourtant, derriere de hauts murs, la vie des familles notables de Rawalpindi n`a pas change. A l`ombre des arbres fruitiers d`une ancienne propriete ayant appartenu a la famille Bhutto, la mere de mon amie a bien plus important en tete que quelques fanatiques. Entre la preparation des mariages, la renovation de la maison et la gestion des dix domestiques qui assurent l`entretien de la maison, ce ne sont pas trois grenades et une bande d`illumines qui vont lui faire perdre le nord bien que l`hiver dernier depuis sa maison elle pouvait assister aux affrontements entre talibans et forces armees. Et elle n`est pas la seule a penser comme ca.

Nageen Hyat, elegante gallieriste d`Islamabad est une grande pretresse pour la cause des femmes de son pays. Malgre des menaces de mort regulieres pour promouvoir et exposer le travail des femmes par la peinture, la photographie ou l`artisanat, elle ne s`avere ni « soumise ni intimidee» par ses detracteurs. Souriante et majestueuse dans son long Shawar Kameez, elle n`envisage pas une seconde de fermer boutique ; bien au contraire elle planifie expositions internationales et demonstrations locales.

Tout aussi courageuse mais dans un autre registre, l`equipe d` « Adventure Travel Pakistan » elle aussi se bat pour promouvoir les monts et merveilles de son pays. Consciente que peu de Pakistanais ont une profonde connaissance de leur pays, ils sont une des rares societes a organiser des activites extremes qui permettent de decouvrir le Pakistan a travers la pratique de sports tels que le parapente, la plongee sous marine, l`exploration nocturne de caves ou de temples, le trekk ou l`escalade. Leurs expeditions en montagne de plusieurs semaines permettent de decouvrir parmis les plus beaux sommets de l`Asie Centrale, a cheval entre l`Inde et la Chine et en passant par le Cachemire. Pour les moins temeraires ou ceux presses par le temps, il est egalement possible en raison de la nature verdoyante et montagneuse d`Islamabad de participer a des activites organisees a proximite de la capitale et qui en l`espace d`une journee vous dépaysent autant qu`un voyage dans un pays voisin. Une femme au foyer, un tour operator, une gallieriste…tout cela semble anodin. Hors ce sont precisement ces gens ordinaires et bien d`autres que j`ai eu la chance de rencontrer, qui par leurs actions du quotidien resistent aux interdits, aux menaces et intimidations et qui se battent pour promouvoir les talents et beaute de leur pays. Ce sont les premiers a se battre pour imposer le Pakistan aux Pakistanais, a travers l`art, le sport ou la culture et ce sont eux egalement en premiere ligne de la lutte anti extremiste. Car si la vocation litterale d`un terroriste est de terroriser, que peut-il si sa strategie de terreur ne fonctionne pas ?

L`effet est donc double car il s`inscrit non seulement dans une logique de resistance mais egalement dans une logique patriote vis-à-vis de la population pakistanaise. En effet, le Pakistant revele de nombreux tresors caches pour ceux qui savent chercher et qui savent vers qui se tourner. Hors, une chose qui m`a frappe est le manque de culture des locaux sur leur propre pays. Peu sortent des activites de leurs castes et peu connaissent le Pakistan en profondeur. Par exemple, les castes elevees sont les moins informees sur les activites culturelles ou sur les choses a voir au Pakistan. La bas, c`est presque une fierte et une affirmation sociale de ne pas connaitre son pays comme sa poche. Ceux qui ont de l`argent preferent en effet voyager a l`etranger et il est ensuite tres chic d`etaler sa connaissance des grandes metropoles occidentales dans des diners mondains plutôt que sa connaissance du pays d`origine. Seuls ceux qui n`ont pas les moyens de partir n`ont pas ce privilege et l`on insiste bien sur la difference entre « eux et nous. » C`est pourquoi des organisations telles que ATP ou Danka Events jouent un role crucial pour « reconcilier » les pakistanais des milieux privilegies avec la culture de leur pays et pour faire le lien entre acteurs de changement et spectateurs issus des differentes couches sociales. Car au Pakistan, l`un ne va pas sans l`autre. Veritables reseaux sous terrain qui de bouche a oreille ou a l`aide de reseaux sociaux divulgent et crees une plateforme pour centraliser tout evenement sportif, artistique, cinematographique ou musical, ATP et Danka representent un microcosme mais c`est precisement ce microcosme qui fait le Pakistan. Car il y a tout au Pakistan. Il y a tout mais pour tout trouver, il faut connaitre les bonnes personnes. Envie d`un cours de salsa a Islamabad ? Demander a Shiraz ou a Simon, ils se feront un plaisir de vous donner l`adresse de la jeune femme qui assure ce type de cours a son domicile. 

Bla bla bla...

my name is shkum and i am soooo cool!

xx